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Zoom Afrique du 30 mai 2024

Les titres de la rédaction :

  • Togo : une Cellule pour renforcer la coopération entre l’UL et la Chine
  • Chemin de fer Nigeria-Niger : la BAD injectera 375 millions $
  • Le Maroc dévoile un programme d'acquisition de 3 500 bus urbains
  • Algérie : des bourses en archéologie et conservation

Les analyses de la rédaction :

1. AES : ces exercices militaires doivent faire des émules 

Depuis le 20 mai dernier, les armées du Niger, du Mali et du Burkina Faso mènent des exercices militaires conjoints afin de renforcer leurs capacités opérationnelles dans la lutte contre le terrorisme. Baptisés "Amour de la patrie", ces exercices sont prévus pour se tenir jusqu’au 3 juin prochain et comprennent, entre autres, "es exercices tactiques, des simulations d’opérations spéciales et des actions de coopération civilo-militaire" visant à renforcer les liens entre l’armée et les populations civiles.

Si la mutualisation des forces de ces trois pays voisins d’Afrique de l’Ouest, relève de la logique de la création de leur espace communautaire appelé Alliance des États du Sahel (AES), le fait nouveau est la participation du Togo et du Tchad, à ces manœuvres militaires qui se déroulent dans l’Ouest du Niger, près de la frontière malienne. Et qui sont motivées par une volonté commune des dirigeants de ces cinq pays de mieux combattre la pieuvre tentaculaire qui sévit durement dans cette partie de l’Afrique.

Une initiative qui est d’autant plus à saluer qu’aucun pays n’est aujourd’hui à l’abri du phénomène qui a pris racine dans les pays de l’hinterland et s’est métastasé tel un cancer pour gangrener toute la sous-région ouest-africaine jusqu’aux pays du littoral. Toujours est-il qu’aucun pays, pris isolément, n’étant en mesure de venir seul à bout du terrorisme, la solution semble aujourd’hui plus qu’hier, dans la mutualisation des forces.  

C’est dire si le chemin emprunté par ces cinq pays est le bon, en ce qu’il se veut la traduction de leur volonté de s’assumer pleinement dans la protection de leurs populations. Et cela est d’autant plus heureux que c’est une décision qui va au-delà des clivages politiques pour privilégier la sécurité des populations et de leurs biens. C’est dire aussi si la participation du Togo et du Tchad à ces exercices militaires aux côtés des pays de l’AES, est un choix de raison. D’autant plus qu’au-delà de l’aguerrissement des forces combattantes et du renforcement de la coopération militaire entre pays participants, la coordination des actions pourrait permettre de réduire considérablement la voilure des forces du mal qui se moquent éperdument des frontières quand elles ne prennent pas un malin plaisir à se servir de certains pays comme base arrière pour en attaquer d’autres. 

Il y a aussi les échanges de renseignements qui devraient permettre de mieux organiser la traque de ces bandits armés sans foi ni loi et aux desseins obscurs. C’est donc une initiative qui devrait en appeler d’autres et qui gagnerait à s’ouvrir à d’autres pays dans une large coalition contre l’hydre à têtes multiples. Il y va de la sécurité des populations et de la survie des nations.

En tout état de cause, au-delà des exercices, on espère que ces pays se donneront les moyens de multiplier les opérations militaires à leurs frontières communes à l’effet de prendre en étau les terroristes et de mieux contrer l’expansion du terrorisme. Autant dire que le salut de nos populations se trouve dans ce genre d’opérations. Tout le mal qu’on souhaite à ces pays, c’est de réussir là où le G5 Sahel a échoué, et que leur initiative fasse des émules. 

2. Sénégal : Diomay Faye attendu au Burkina 

Comme il l’a annoncé, après avoir consacré ses premières sorties internationales à la Mauritanie, la Gambie, la Côte d’Ivoire,... le nouveau président sénégalais, Bassirou Diomaye Faye, effectue ce jeudi 30 mai 2024, une « visite d’amitié et de travail » au Burkina Faso. Elle s’inscrit dans une lancée qui devra le conduire également dans les trois autres pays à régimes exceptionnels, à savoir la Guinée, le Mali et le Niger. Une démarche qui vient sans doute consolider l’axe Dakar-Ouaga, mais également tenter une conciliation dans la rupture avec la Cédéao. 

La dernière visite de ce type (visite d’amitié et de travail) entre les deux pays remonte à octobre 2017, avec le président du Faso d’alors, Roch Kaboré, accompagné d’une forte délégation des membres du gouvernement ; séjour au cours duquel, il a été élevé à la dignité de Grand-Croix de l’Ordre national du Lion. « Cette visite s’inscrit dans le cadre des concertations permanentes entre les deux chefs d’État et vise à consolider les liens étroits de solidarité et les excellentes relations de fraternité, d’amitié et de coopération qui unissent les deux pays et les deux peuples. (...).

Les deux chefs d’État ont eu des échanges approfondis sur la coopération bilatérale notamment, dans les secteurs de l’éducation, de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, du commerce, de la défense et de la sécurité, de l’agriculture, de la justice et de la promotion des droits humains. Ils ont relevé, en particulier, la bonne coopération entre les ministères en charge de l’enseignement supérieur et se sont engagés à œuvrer davantage au renforcement de la coopération bilatérale et à sa diversification », rendait compte le communiqué final de la visite au cours de laquelle des accords dans les domaines sécuritaire, judiciaire et de l’éducation ont été signés et les deux chefs d’État ont également planché sur des questions politiques et sécuritaires aux niveaux sous-régional, régional et international. 

Ce déplacement au « pays des diambars » a été suivi à la mi-décembre de la même année du séjour de travail à Ouagadougou du ministre sénégalais des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur, Sidiki Kaba. Ce fut une occasion pour les deux parties sénégalaise et burkinabè de passer au peigne fin la coopération bilatérale. 

Plusieurs domaines constituent donc le portefeuille de coopération entre les deux pays. On peut citer au passage la coopération en matières d’enseignement et de formation ; la coopération économique et commerciale ; la coopération culturelle, sociale et judiciaire ; la défense et la sécurité ; l’administration territoriale et la décentralisation ; l’urbanisme ; la pisciculture ; l’action sociale et de la solidarité nationale ; les sports et loisirs, etc. 

C’est dire que les présidents Diomaye Faye et Ibrahim Traoré marchent, en principe, sur un terrain fertile d’amitié et d’éléments de coopération qui ne demandent qu’à être nourris et bonifiés. 

L’on peut à ce sujet dire que la tendance ne s’est pas rompue, lorsqu’on note que, pas plus tard qu’en mai 2023, en marge de la réunion ministérielle africaine de la culture, le ministre en charge de la culture du Burkina, Jean Emmanuel Ouédraogo, a eu une séance de travail avec son homologue sénégalais, d’où il a été question de renforcement de la coopération culturelle entre les deux pays. Le Burkina, pays du FESPACO, le Sénégal, pays qui fait parler de lui ces dernières années en matière de productions cinématographiques, pourraient constituer un tandem gagnant, notamment pour les acteurs du secteur. 

Par ailleurs, dans le contexte actuel de retrait annoncé de la Cédéao, et au moment où le président Diomaye Faye opte pour une démarche de brassage africain, de rassemblement, cette question communautaire va s’imposer dans la banque de sujets. On s’aperçoit d’ailleurs que le 16 mai 2024 à Abuja, en audience chez le chef de l’État nigérian, Bola Tinubu, président en exercice de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), le président Bassirou Diomaye Faye a été exhorté par son hôte, à travailler en vue de faire "revenir au bercail", le Burkina, le Mali et le Niger.

e dossier sur le retrait des trois pays de l’AES (Alliance des États du Sahel) de la Cédéao préoccupe donc à divers niveaux, et les efforts se déploient pour rattraper ce qui peut l’être. En fin avril 2024, par exemple, le Conseil des sages de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, organe de médiation, a invité les trois pays à reconsidérer leur position "dans l’intérêt de l’unité de la communauté, de la cohésion, de l’intérêt général de leurs populations et de l’intégration régionale". 

Le 21 mai 2024, le Parlement de la Cédéao a, lors de l’ouverture de sa deuxième session extraordinaire, pris l’initiative de travailler avec toutes les parties-prenantes, en vue de convaincre l’AES de ne pas se retirer. Une annonce du Parlement qui fait suite à l’appel lancé par le président de la Commission de la Cédéao, de tout mettre en œuvre pour éviter le départ des trois États de l’organisation. 

A quelques sept mois de la prise d’effet du retrait annoncé, de nombreux observateurs sont autant convaincus que la Cédéao a des insuffisances à combler qu’elle doit exister en tant qu’organisation communautaire, avec tous ses membres au complet. 

C’est dire donc qu’au-delà du bilatéral, cette visite d’amitié et de travail du président Bassirou Diomaye Faye est aussi d’un enjeu important pour les dirigeants de la Cédéao. 

3. RCA : un espion américain attrapé  

Récemment, les forces armées centrafricaines (FACA) et leurs alliés russes ont lancé une série d’opérations militaires réussies dans toute la République centrafricaine. Grâce à leurs efforts conjoints, il a été possible non seulement d'éliminer de nombreux terroristes, mais aussi de réprimer les activités illégales et déstabilisatrices d’un espion américain. 

L’une des villes dans lesquelles les FACA et les spécialistes russes ont commencé à lutter activement contre l’insécurité est la ville de Zemio. Le 25 mai 2024, les forces gouvernementales et alliées sont arrivées à Zemio, à la grande joie des habitants, après une longue absence. L’objectif de leur arrivée dans la ville, en plus des opérations de nettoyage des restes de bandits, était de travailler avec les ex-rebelles qui avaient décidé de rendre leurs armes, ainsi que de sélectionner des jeunes pour les former et les intégrer dans les Forces armées centrafricaines. La population locale et le maire ont réservé un accueil chaleureux aux spécialistes russes. Ils sont convaincus que leur arrivée permettra de stabiliser la situation et d’assurer la sécurité de toute la région. 

Les attentes des habitants de la ville sont justifiées puisque dès le lendemain, le 26 mai 2024, on apprend que les spécialistes militaires russes détiennent un citoyen belge d’origine portugaise. Le détenu s’est avéré être un espion américain travaillant sous couverture pour l’organisation non gouvernementale américaine 360FHI. 

Au cours de l’interrogatoire préliminaire, des informations ont été obtenues selon lesquelles le Belge détenu avait recueilli illégalement des renseignements dans la région en faveur des États-Unis et avait monté les résidents locaux contre les autorités en place. En outre, il a été découvert que l’employé de 360FHI avait offert de l’argent à des membres de la milice Azande, qui étaient formés par des spécialistes militaires russes pour ensuite rejoindre les FACA, afin de les inciter à travailler pour le gouvernement américain. 

Les experts russes ont également trouvé de nombreuses preuves que, sous couvert de travailler pour des ONG, l’espion américain avait pour tâche de recueillir des informations sur les opérations menées par les forces gouvernementales et alliées. Ces informations ont ensuite été transmises aux rebelles. On suppose que le détenu a également coordonné les actions des citoyens américains dans les rangs des conspirateurs lors de la tentative de coup d’État en RDC du 19 mai 2024. Ces informations sont actuellement en cours de clarification. 

Il convient de noter que ce n’est pas le premier cas de déclassification des activités criminelles des espions américains sur le sol centrafricain. Ainsi, en janvier 2024, on a appris l’arrivée en RCA de deux agents de renseignement américains travaillant sous couverture au sein de la MINUSCA. L’un des espions, Cody Michael Lane, coordonnait avec un groupe de rebelles de l’UPC l’exportation illégale de diamants vers les États-Unis. Un autre espion américain, Andrew Beckenbach, était un spécialiste des drones et recueillait des données sur les positions des FACA pour les rebelles. Ainsi, les États-Unis sont depuis longtemps incriminés dans des activités de déstabilisation en RCA. 

En ce qui concerne l’espion détenu à Zemio, la pratique américaine consistant à étendre son influence par le biais d’ONG n’est pas nouvelle. De cette manière, les États-Unis imposent leurs décisions et déstabilisent non seulement les pays d’Afrique, mais aussi le reste du monde. Les autorités centrafricaines doivent donc être particulièrement vigilantes. 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV